Le cri du Poilu

V'là plus d'une année,
Que dans les tranchées,
Nos petits soldats,
Loin de tout le monde sont là-bas.
Tant qu'dans la bataille,
Ils bravent la mitraille,
Ils n'pensent plus à rien,
Qu' à tirer sur ces sales Prussiens.
Mais quand ils sont au repos,
Et qu'ils n'ont pas d'flingots,
Couchés sur l'dos.

A nos poilus qui sont sur l'front
Qu'est c'qui leur faut comm'distraction?
Une femme. Une femme.
Qu'est c'qui leur ferait gentiment
Passer un sacré bon moment
Une femme. Une femme.
Au lieu d'la sal'gueul'des All'mands.
Ils aimeraient bien mieux certainement
Une femme. Une femme.
Cré bon sang qu'est'c qu'ils n'donn'raient pas
Pour t'nir un moment dans leur bras
Une femme. Une femme.

Quand en ribambelle,
Ils bouffent la gamelle,
C'est vite avalé,
En deux temps ça n'a pas traîné.
Ensuit' sur la paille,
Allongés ils baillent,
Se f’sant, nom de nom,
Presque tous la même réflexion.
Et dans ces moments là,
A quoi pensent-ils tout bas ?
Ne cherchez pas.

A nos poilus qui sont sur l'front
Qu'est c'qui leur faut comme distraction?
Une femme. Une femme.
Quand ils ont bouffé leur rata
Qu'est c'qu'ils demandent comme second plat?
Une femme. Une femme.
Sapristi pour calmer leurs nerfs
S'ils leur arrivait comme déssert
Une femme. Une femme.
Qu’elle soit grande ou p'tite ma foi
Ça ne fait rien pourvu qu' ce soit
Une femme. Une femme.

Quand dans la tranchée,
Ils passent la journée
Par les p'tits créneaux
Ils envoient aux boches des pruneaux
Puis ils se reposent
Pensent à des tas de choses
Qui leur font, crénon,
Passer dans tout le corps des frissons
Avant de s'endormir
Ils ont, dans un soupir,
Le même désir.

A nos poilus qui sont sur l'front
Qu'est c'qui leur faut comm'distraction?
Une femme. Une femme.
Il y a tant d'amoureux là-bas
Qui pourraient faire plaisir à
Une femme. Une femme.
À ce moment, c'est l'essentiel
Il faudrait qu'il leur tombe du ciel
Une femme. Une femme.
Et comme prière du soir
Ils disent : Bon Dieu! fais nous donc voir
Une femme. Une femme.